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L'évolution du métier de CFO avec Elodie Nalis de Comet

Faustine Rohr-Lacoste Spendesk

Elodie Nalis est CFO chez Comet, la startup française qui connecte plus de 7000 freelances tech et data aux grandes entreprises.

Elodie a déjà plus de 10 ans de carrière dans la finance à son actif. Nous l'avons rencontrée autour d’un café pour discuter de son parcours, de l'évolution du métier de CFO et de la culture d'entreprise chez Comet, qui met la réussite individuelle au coeur de la réussite de l'entreprise.

Si j'en crois ton parcours académique, tu as toujours aimé les chiffres. La finance a été un choix de carrière évident pour toi ?

J'ai aimé manipuler les chiffres déjà très jeune mais je n'irais pas jusqu'à dire que la lycéenne que j'étais se voyait faire une carrière dans la finance. C'est en Ecole de Commerce que j'ai commencé à envisager de prendre cette voie. J'ai profité d'une année de césure en Angleterre pour faire un stage en contrôle de gestion chez EADS. Puis j'ai enchaîné avec une année d'apprentissage chez General Electric sur un poste où je faisais davantage de finance mais surtout où j'avais une meilleure vision de l'ensemble de l'activité. J'ai attrapé le virus de la Finance avant même de quitter les bancs de l'école.

En 10 ans de carrière, tu es passée par des entreprises très différentes. Quel est l'environnement qui a été le plus formateur ?

Dans chacune des entreprises où je suis passée, j'ai appris quelque chose qui m'a servi pour avancer.

Mon premier job était une création de poste dans une petite filiale de CBS Interactive, où nous étions 100 personnes. Ce type de situation est toujours très formateur, d'autant que j'avais une vision sur la globalité du périmètre de l'activité de la filiale. J'ai mis en place des procédures SOX, et découvert comment fonctionnait la relation avec un groupe étranger. Malheureusement, j'ai aussi découvert que le métier pouvait être très routinier quand il n'y a pas de réelle dynamique de croissance.

Chez Leguide.com, c'était l'inverse. Leur business model reposait sur l'affiliation et ça marchait très très bien. Je suis d'ailleurs arrivée au moment du rachat d'un concurrent allemand. J'ai très vite apporté de la valeur sur ce poste en même temps que je découvrais l'intégration d'une société étrangère de l'intérieur, ainsi que la mise en place de nouveaux process, et la richesse du travail avec d'autres cultures. Puis la société s'est faite racheter par Lagardère, autre expérience très enrichissante d'un point de vue métier. Mais qui ne correspondait plus à ce que je recherchais pour continuer à progresser.

Je dois dire que mon arrivée chez Linkfluence a été un tournant pour moi. Quand je suis arrivée, on était une équipe d'à peine 50 personnes. Quand je suis partie au bout de 5 ans, on était 250. Malgré mes quelques années d'expérience, je me suis sentie assez junior quand je suis arrivée. J'ai été plongée dans le grand bain tout de suite avec des sujets de fusion et d'acquisition en Allemagne et en Asie, et une levée de fonds en préparation. Ca a été d'autant plus intense que l'équipe n'était pas structurée et que mon poste était vacant depuis plus de 2 mois. Autant dire, que j'étais très attendue. C'est chez Linkfluence que j'ai pris la mesure de l'importance et de la dimension du poste de DAF ou de CFO au sein d'une startup.

Aujourd'hui, tu es chez Comet, une startup en très forte croissance. Qu'est-ce qui a changé pour toi depuis 1 an ?

Tout d'abord, pour entrer chez Comet, ça a été le parcours du combattant, avec un processus de recrutement en 7 étapes qui m'a amené à rencontré les fonds actionnaires et la plupart des membres de l'équipe lors d'une journée d'immersion. Ce qui fait qu'une fois que je suis arrivée, j'avais déjà l'impression d'être à la maison. J'ai aussi bénéficié d'un vrai processus d'intégration, qui commence dès la signature du contrat de travail.

Mais surtout chez Comet, je n'avais plus du tout ce sentiment d'être junior. C'est hyper agréable de sentir qu'on peut rapidement apporter de la valeur à l'entreprise mais aussi à l'équipe.

D'ailleurs, ce n'est pas la 1ere fois que tu es amenée à créer une équipe puisque tu l'avais déjà fait chez Linkfluence. Quels défis as-tu eu à relever ?

Pendant 2 ans chez Linkfluence, l'équipe était très réduite. J'étais entourée d'une office Manager et d'une personne en charge de la facturation. Dès que j'ai pu, j'ai recruté une personne en charge des sujets RH, une personne au contrôle de gestion, un directeur administratif et financier (DAF) pour l'Asie et une Office Manager pour l'Allemagne, que j'ai aidé à monter en compétence sur le reporting financier. A mon départ, nous étions une dizaine dans l'équipe.

A l'époque, j'étais à la recherche de profils jeunes et motivés. Je savais que j'avais besoin de trouver des personnes capables d'accepter les côtés moins attractifs et plus ennuyeux du job. Malheureusement, j'ai fait des erreurs de casting. Certaines personnes se sont vite essoufflées à leur poste.

Alors que quand je suis arrivée chez Comet l'équipe était déjà structurée. Nous sommes 3 femmes. Marie est Finance Manager et Lina est contrôleuse de gestion. J'ai énormément de plaisir à travailler avec elles. Elles sont hyper compétentes et étaient déjà autonomes à mon arrivée, ce qui m'a permis de prendre mes marques beaucoup plus facilement.

Est-ce que ça a été facile pour toi de déléguer aux nouvelles recrues ?

Il arrive un moment où la charge de travail est telle que c'est un soulagement de pouvoir déléguer. Chez Linkfluence notamment, j'ai dû déléguer la responsabilité du reporting mensuel et hebdomadaire, faits sur Excel. En faisant cela, je me suis éloignée du terrain. J'adorais aller chercher l'information auprès des commerciaux, analyser les écarts et triturer la donnée dans tous les sens. Mais ma priorité à ce moment-là, c'était des sujets très stratégiques de fusion, d'acquisition, de levées de fonds, et de budget.

Qu'est-ce que tu fais en premier quand tu arrives dans une nouvelle entreprise ?

Tout dépend du contexte dans lequel j'arrive.

Chez Comet, il y a un énorme accent mis sur la culture d'entreprise. Ca commence dès le processus de recrutement et ça continue avec un programme d'immersion intense de plusieurs semaines. A mon arrivée, j'ai consacré du temps à faire des entretiens avec différentes personnes de la boite pour comprendre le fonctionnement de chaque département et le parcours d'un freelancer et celui d'un client. Pour bien faire mon job, c'est essentiel de bien connaître l'activité pour comprendre où se créée la valeur.

Et à la fin de cette immersion, j'ai pris le temps de faire un rapport d'étonnement, de faire la roadmap du département, de redéfinir les périmètres de poste des membres de l'équipe et de présenter l'ensemble au CEO et au COO.

J'ai vécu comme un luxe le fait d'arriver dans un contexte où je ne suis pas indispensable dans l'opérationnel, contrairement à ce que j'avais connu chez Linkfluence.

Selon toi, comment a évolué le rôle de CFO en 10 ans ?

Le métier a évolué dans le temps certes mais c'est aussi le type d'entreprise qui façonne le rôle. En startup, le CFO est un véritable Business Partner dont on n'attend pas juste qu'il produise des rapports financiers ou qu'il s'assure de la maitrise des coûts. Chez Comet, tout est fait pour que les fonctions support ne soient pas vues comme un centre de coût. Dans mon équipe, on nous incite à engager des réflexions et des chantiers qui auront un réel impact positif sur l'activité.

Par exemple, j'ai toute liberté pour renégocier les contrats avec les factors, choisir l’ERP ainsi que la façon dont il va être déployé, proposer de nouveaux process qui impacteront aussi d'autres équipes, ou bien même encore pour apporter mes recommandations sur des changements stratégiques de la boîte.

Quel a été ton plus gros challenge professionnel jusqu’à présent ?

En arrivant chez Linkfluence, j'ai eu très peu de temps pour monter en compétence sur des sujets que je maitrisais peu comme la fusion/acquisition et la levée de fonds. J'étais attendue sur ma capacité à analyser les comptes des sociétés qu'on voulait acheter, sur la réalisation d'une due diligence en vue de la levée de fonds, et également sur la coordination avec les avocats sur les sujets contractuels.

J'ai été très bien accompagnée par le CEO. Et puis, j'ai surtout beaucoup travaillé pour me mettre à niveau, en faisant preuve de résilience et de persévérance.

Réussir dans ce poste a été mon plus gros challenge.

Quels sont les outils dont tu ne pourrais plus te passer ?

J'ai 3 outils coup de coeur :

Netsuite est notre nouvel ERP, plein de promesses. On est en train de l'implémenter brique par brique. Cela nous permet d’automatiser énormément de flux et nous rend plus autonome sur la comptabilité notamment.
Looker est un outil de Business Intelligence ultra simple qui me donne accès très rapidement à des données analytiques clés sur l'activité.
15 five est un logiciel de management de la performance des collaborateurs, qui colle parfaitement à la culture d'entreprise de Comet. Chacun fait remonter ses priorités et son feedback chaque semaine, les commentaires sont visibles par tous. Tout comme les salaires d'ailleurs chez Comet. D'ailleurs cette transparence m'a fait peur au début. Aujourd'hui, je trouve que ça lève beaucoup de doutes et de frustrations.

Quel est le meilleur conseil que tu aies reçu ?

J'aime cette expression "Ne pas courir plusieurs lièvres à la fois". J'essaie de l'appliquer en équipe. Ca nous oblige à prioriser un maximum pour ne pas se disperser.

Une amie m'a également dit un jour "Elodie, tu ne travailles pas dans le don d'organe." C'est une phrase que je me répète souvent pour me rappeler qu'il n'y a pas d'enjeu de vie ou de mort dans notre activité et ça m'apprend à mettre de la distance avec mon travail. En finance, on est parfois au coeur des problèmes, et ça peut être lourd à porter. Chez Comet, la transparence fait que quand ça va mal, on est tous au courant.

Est-ce que tu as une lecture ou un podcast que tu aimes tout particulièrement ?

A notre arrivée chez Comet, on m'a confié 3 livres à lire. J'ai bien aimé "Radical Candor" même si je préfère de loin consacrer mon temps libre à des sujets qui ne sont pas en lien avec mon job. Pareil pour les podcasts et la radio que je n'écoute que pour le plaisir.

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